
Les images ont toujours nourri mon écriture : l’histoire de l’art (Daniel Arasse), l’art contemporain (mon activité de critique à Beaux Arts Magazine, Art Press, Photographie Magazine), la cinéphilie sur le petit écran (Cinéma de minuit). Ces éléments ont façonné mon imaginaire qui doit autant à Flaubert, Nerval, Virginia Woolf, qu’aux figures rêveuses de Piero della Francesca et aux plans séquence d’Alfred Hitchcock. L’éclatement de la narration chez Godard m’influença également, et me conduisit à élaborer une esthétique du Montage, à produire des effets de rupture, entre essai et prose poétique.
Absorber dans le champ de la poésie les personnages de contes, de la mythologie, du cinéma, et de l’histoire de France, m’a permis de questionner l’effet de retour des constructions héroïques sur nos existences.
Héros, Schrek, Gary Cooper ne lisait pas de livres, Opéra isotherme, Chaperon loup farci : l’ogre, l’acteur, la diva, le héros homérique, constituent notre mémoire au même titre que nos souvenirs personnels.
Dans Hélène mode d’emploi, j’interroge la représentation du féminin via les stéréotypes (Le Séducteur, la Plus Belle Femme du monde, la Femme qui s’en va). J’y décrypte les stratégies du couple, moderne et universel.
Mon atelier d’écriture personnel (chantier, inspiration), est par conséquent jalonné de références et de formes (plastiques, sonores, narratives), dans lesquelles je puise selon le projet en cours.
Les princesses qui dans Schrek créent leur propre clarté, les Jeunes filles dans tout le royaume, les Monomères & Maxiplace, entre Babar, les Simpson, et la famille Fillon, sont une réserve permanente que je revisite sous forme de fictions poétiques et politiques.
La Révolution dans la poche décrypte les dysfonctionnements de nos social-démocraties, à travers l’héritage de la Révolution française. Les héros de la Révolution (Robespierre, Marat) sont des figures familières qui nous rappellent les temps ultimes de l’utopie.
Dans À la piscine avec Norbert (sortie le 7 janvier 2021), je poursuis une réflexion politique en créant un personnage de confident. Norbert accueille les propos d’une narratrice, à l’heure de #metoo et des réseaux sociaux. Ils interrogent la mutation du lien amoureux et sexuel, via les applications numériques et la dictature des GAFAM.
La forme dialoguée de Norbert constitue un moyen de favoriser une prise de conscience jubilatoire, lucide, sachant que si François Pinault et Bernard Arnault sont devenus les stars de notre époque (les Grecs, les Ogres), il faut apprendre à ne pas se tromper de héros.